Charles St-John » terminé

† PENSEZ-VOUS QUE LA NATURE DU SANG EST UNE CHOSE IMPORTANTE ? Pour des couillons avides de pouvoir, oui. Pour le reste, ce sont des foutaises qui datent de l'Egypte Ancienne. Et je vous parle même pas de la consanguinité dans les familles ! C'est là qu'on comprend pourquoi ils ont des idées aussi... bas de plafond.

† QUE PENSEZ DU PHÉNOMÈNE DES RÉSURRECTIONS ET DES REVENANTS ? Désolé, j'ai signé une clause de confidentialité avec le Ministère de la Magie pour ne plus jamais reparler de ce genre de sujet...

† QUEL EST VOTRE ULTIME SECRET ? Mon premier et unique assistant moldu est mort durant l'une de nos expéditions en Amazonie, à cause de moi. Mais je n'ai pas envie d'en parler...

† DE QUELLE FAÇON LA DERNIÈRE GUERRE, AFFRONTANT HARRY POTTER ET VOLDEMORT, VOUS A-T-ELLE AFFECTÉE ?  ça fait longtemps que j'ai pas ouvert les pages de la Gazette donc à part des histories d'attentat... Je suis pas vraiment au courant des dernières nouvelles de monde sorcier et je m'en porte très bien !!

† SI VOUS POUVIEZ CHANGER UN ÉVÉNEMENT DU PASSÉ, QUE SERAIT-IL ? Rien, il faut assumer les erreurs du passé. Ce qui est fait, est fait et même un maudit retourneur de temps ne saurait arranger les choses.

† Histoire :« J’ai côtoyé la Mort assez longtemps pour pouvoir dire que l’on ne peut pas la considérer comme une amie. »

1949 - Mexique, quelque part au Yucatán ;
La jungle était étouffante, comme toujours. La sueur collait à la peau, rendait les vêtements moites, inconfortables. Le chant des oiseaux colorait les lieux d’une ambiance parfois étrange. De temps à autres quelques singes hurleurs passaient au-dessus de la tête sans prendre le temps de voir les bipèdes qui se déplaçaient au sol, cette zone où les prédateurs étaient rois.

- Professeur, je ne comprends pas, pourquoi vouloir étudier les sites Mayas ? On a découvert très peu de signe d’usage de la magie pour cette civilisation.
- Déjà arrête de m’appeler professeur, je suis loin d’être un de ces vieux cons, et ensuite nous ne venons pas ici pour étudier la magie mais bel et bien pour étudier la Mort, répondit le jeune homme en poursuivant sa progression à travers les racines et les feuilles mortes.
- La Mort ? Comment ça ?
- La Mort est un élément commun à toutes les civilisations de cette terre, mais chacune d’elle la traite d’une façon relativement différente, dit-il avant de tourner à droite d’un épais tronc centenaire.
- Je ne comprends pas.

Le jeune homme s’arrêta pour faire volte-face et regarder son assistant. Ce dernier avait le visage en sueur derrière ses grandes lunettes rondes. Il avait un air un peu naïf mais c’était un bon gars, du genre de ceux à qui on collait une claque derrière la tête pour les faire sortir de leur rêverie. Un oiseau passa au-dessus de leur tête, poussant des cris qui n’avaient rien de charmant, cela ressemblait d’avantage aux cris d’un spectre venu hanter ces lieux. Mais il avait passé bien trop de temps dans cette jungle pour se laisser avoir par la faune locale. Ce n’était pas le cas de son assistant qui levait aussitôt les yeux au ciel pour scruter la cime des arbres.

- La Mort a bien des visages, bien des noms, chaque civilisation la redoute ou la respecte, poursuivit-il. Comprends-tu ? Étudier la Mort c’est comprendre la façon de penser des gens.
- Je… Oui je crois.
- Bon on verra une fois qu’on sera arrivé sur le site.

1959 - Angleterre, Cambridge ;
Il régnait en ces lieux un calme déroutant. Le silence qui avait établi sa présence était froid, impersonnel, artificiel. Sur plusieurs tables venaient se jeter en vrac bon nombre de cartes et de notes, le résultat de plusieurs années de travail pour en arriver là, pourtant ce n’était que le début de quelque chose, l’esquisse d’un projet étrange et déroutant. Dans un fauteuil, les lunettes posées de travers sur son nez, un homme était entrain de dormir, le menton sur son torse et un livre posé sur la cuisse.

- St-John ! Debout sale vermine !

La double porte du bureau venait de s’ouvrir avec violence, faisant tomber quelques ouvrages de la bibliothèque attenante. L’homme se réveilla en sursaut, cherchant du regard l’origine de se vacarme. Ses prunelles se posèrent sur un vieillard avec une canne en bois d’ébène surmonté d’une tête de sanglier. C’était Sir Ostwald de Canterbery, sur son visage les affres du temps lui marquaient la peau et pourtant il s’accrochait désespérément à la vie sans qu’on sache pourquoi. Pour certains il paraissait avoir traversé les siècles, vécu bien des choses et vu beaucoup d’autres encore. Pour Charles… C’était une autre histoire.

- Bon sang Ostwald, que me vaut le désagrément de votre visite ? tempêta St-John en se pinçant l’arrête nasale pour se réveiller. Je me serais bien passé de voir votre sale trogne aujourd’hui.
- Bougre d’âne, quand est-ce que vous allez comprendre que l’on ne demande pas au Chancelier ou au Vice-Chancelier de se mettre un chandelier dans le cul ! Vous portez la honte sur notre belle institution et plus encore sur l’archéologie. Vous n’êtes qu’un gamin orgueilleux et capricieux.
- Je ne suis même pas étonné que vous me sortiez une chose pareille, vous devez appartenir à l’université depuis sa création, vous êtes aussi vieux que les fossiles que vous étudiez. Cambridge a besoin d’évoluer plutôt que de rester dans une mentalité du Moyen Âge.
- Oh Charles, croyez bien que si vous continuez comme cela, vous pourrez bientôt dire à dieu à vos recherches, maugréa Sir Ostwald, et vous allez finir aussi pourris que les cadavres que vous déterrez.
- D’ici là vous ne serez plus parmi nous pour le voir.

Le vieillard continuait de pester contre St-John qui avait déjà fermer les yeux pour retourner à sa sieste.

1981 – Londres, Ministère de la Magie ;
La pièce était sombre malgré les torches qui éclairaient les murs de pierre. Elle ressemblait étrangement à une arène avec toutes ses rangées de sièges qui encerclaient le centre de la pièce où était installée une simple chaise inconfortable. Sur celle-ci siégeait St-John qui observait le Magenmagot. Tout ici était froid et austère, tout était fait pour mettre mal à l’aise. C’était une chasse aux sorcières organisés par les sorciers aux même. A l’époque où l’on chassait les adaptes du mage noir après que celui-ci ait connu une fin funeste à cause d’un bébé. La mort donnée par un nouveau-né, c’était un cas fascinant à l’époque.

- Charles Henry Archibald St-John, dit une voix qui s’élevait de la tribune principale derrière ses lunettes en demi-lune, nous vous jugeons aujourd’hui au regard de vos travaux hautement répréhensibles concernant un sujet que le Ministère de la Magie a déjà jugé inadapté et hors-la-loi.

Charles posa son regard sur le sorcier à la barbe argenté qui portait sur lui un regard étrange et sévère, dardant sur lui une attention hostile et agacée. Il avait, depuis fort longtemps, quitté le monde de la magie pour se plonger corps et âme dans le monde des moldus et jusqu’à présent on lui avait toujours fiché la paix. Mais avec la chute de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, le Ministère avait porté les yeux sur ces derniers travaux avec un peu trop d’intérêt et à présent le voici jugé comme un vulgaire mangemort.

- Moi qui croyait que le Ministère n’avait que faire des cracmols tant qu’ils ne représentaient pas une menace assez significative pour notre… votre communauté, rétorqua St-John.
- Il serait intelligent de ne pas aggraver votre cas Charles.
- Alors expliquez moi en quoi j’emmerde votre monde alors que je reste dans mon coin depuis des années, maugréa-t-il, sans compter que dans les textes, j’ai le droit de faire entendre des témoins pour ma défense et surtout… surtout j’ai le droit d’être représenté. Ne croyez pas que j’ignore vos lois Dumbledore.
- Ce serait vous prendre pour le dernier des hommes que de croire cela Professeur St-John, répondit calmement le sorcier.

Charles lança un regard circulaire sur tout le Magenmagot, arborant une mine colérique et froide. Il n’avait pas envie d’être là mais il ne serait pas non plus le dernier des idiots, il ne comptait pas se laisser faire, surtout pas par ce monde qui l’avait rejeté parce qu’il n’était pas capable de jeter le moindre sortilège avec une baguette. Il voulait simplement qu’on lui foute la paix.

- Donc soit je suis représenté par quelqu’un, soit je quitte cette foutue mascarade, grommela-t-il sans être convaincu qu’il serait écouté ou qu’il aurait gain de cause.
- Vous comprenez bien qu’il vous est impossible de quitter ces lieux, vous êtes jugé ici pour vos travaux et nous devons clarifier la situation à ce propos, expliqua Dumbledore toujours avec une certain douceur dans la voix.
- Qu’est-ce que vous avez bien à craindre d’un vieux cracmol qui a fait ses études à Cambridge ? Dites-moi ? Je suis curieux de savoir. Vous avez peur qu’un vieil archéologue découvre vos cadavres dans le placard ? Ne craignez rien, j’en ai absolument rien à foutre de vos problèmes de magiciens d’opérette. Ne me prenez pas pour un de ses tocards à la solde du roi des cons.
- Vous savez pourtant, et vous en avez conscience, que vos travaux sur la Mort posent de nombreux problèmes d’éthiques et que vous vous êtes bien garder de dire à vos collaborateurs moldus la nature exacte de vos recherches sur le sujet, professeur St-John, rétorqua le sorcier. Souhaitez vous poursuivre sur cette voie ou acceptez-vous que le Ministère fasse son travail ?

Le cracmol se mura dans le silence pendant un instant, laissant ce dernier prendre place dans la pièce. La froideur des lieux était presque suffocante tant elle glissait sur les âmes avec une facilité déconcertante. Mais ce n’était pas pire que les tombeaux qu’il avait visité au fil des années. Il finit par lancer un regard à Dumbledore après avoir repris son calme, arborait un air énigmatique.

- Vous étiez pourtant ravis, il y a de cela quelques années, lorsque le Ministère est venu me consulter à propos de l’arche dans la salle de la Mort, dit-il en continuant de fixer le président-sorcier. A cette époque où la rumeur disait que les âmes des morts risquaient de repasser dans le monde des vivants. De franchir le voile comme cela avait été dit alors. Et voilà qu’à présent mes recherches vous dérangent ? Vous vous foutez de moi ?
- Les temps ont changé Charles, vous savez des choses que les mortels ne devraient avoir à connaître, les moldus encore moins, répondit Dumbledor, si les disciples de vous-savez-qui encore en cavale venaient à savoir ce que vous savez, la communauté Magie serait à nouveau en danger.
- Et alors quoi, vous allez m’envoyer à Azkaban avec ces têtes de lard ?
- Si vous continuez à vous entêter, il y a de fortes chances pour que cela arrive. La mort de votre assistant ne vous a pas servis de leçon ?

Il serra le poing avec tellement de violence qu’il s’enfonça les ongles dans la paume de sa main. Mais la douleur n’était rien en comparaison de celle qu’il avait dans le cœur. Avec les années, il avait perdu bien des gens, tel était le fardeau des vivants aussi difficile pouvait-il être à porter. Et plus encore à cause de sa propre bêtise, cet entêtement qu’il n’avait de cesse d’avoir et qui l’avait fait repousser tous ceux qu’il affectionnait un tant soit peu.

Charles St-John fut jugé et condamné à abandonner ses recherches sur la Mort, autant dans le monde de la Magie que dans celui des non-majs. Depuis ce jour, il a disparu des radars du ministère de la magie et n’a plus repris contacte avec le peu de gens qu’il avait encore dans son entourage. Certains le pense mort, d’autres croient qu’il est parti vivre en Amérique du Sud.

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