[Flashback] Une fête d'anniversaire qui tourne au cauchemar... {feat. Ezra Yaxley}

Je déteste les anniversaires. Du moins, je déteste célébrer le mien. Ma naissance était peut-être importante pour mes parents puisque leur héritier était né, mais à mes yeux, c'était un événement tout à fait banal. Je ne suis qu'un sorcier parmi tant d'autres. Je trouve prétentieux de dire que ce jour est spécial. À la rigueur, je préfèrerais qu'on célèbre en même temps que Noël, qu'on fasse juste une petite mention - ou pas du tout - pendant la fête et ce serait fini. Noël a plus d'importance que moi. Mais apparemment, ce n'est pas suffisant. Mes parents sont d'accord : il faut que mon anniversaire soit fêté séparément pour rappeler à la communauté qu'ils ont un héritier et que leur famille va garder de sa puissance. C'est un jour trop spécial pour ne pas le fêter en grand. Il ne l'est que pour ma famille. Tout le monde se moque bien de ma personne. Mais depuis plus d'un an, ma famille s'est agrandie. Je suis marié à une femme forte et courageuse, Moira, et ça fait deux anniversaires que j'accepte de célébrer sans trop protester simplement parce que ça semble lui faire plaisir.

Sans le savoir, j'ai réellement développé des sentiments pour elle, mais mon inconscient me refuse ce type de bonheur après ce qui s'est passé avec Elle. En revanche, ça ne m'a pas empêché de passer du bon temps avec Moira, surtout dans la chambre à coucher. J'apprécie notre relation comme elle est, mais j'attends encore le jour où elle me dira qu'elle est amoureuse et que je devrai briser notre mariage. Je pourrais disparaître mystérieusement, aller découvrir le monde et laisser Moira vivre son aventure. Je pourrais simplement demander le divorce, même si c'est mal vu dans notre communauté de suprématiste à la con. Ce serait un peu comme me rebeller contre le système, contre mes parents. Enfin, l'heure n'en est pas là.

Me voici devant mon miroir, coiffé parfaitement, dans mon costume 3 pièces noir. Je porte une chemise grise en dessous, avec une cravate noire. J'ai un peu mal au ventre, mais je me suis convaincu que c'était l'angoisse de porter mon masque habituel, mais devant tout le monde, plusieurs jours de suite. Parce qu'en effet, demain c'est la veille de Noël, alors je vais fêter aussi. Et qui sait si on ne fêtera pas le jour d'après également ? Je soupire en faisant mon noeud de cravate puis j'entend frapper. Moira me demande si je suis prêt et je souris, mon mal ne paraissant pas dans mon expression. Regard attendri sur elle qui entre, je me demande pourquoi elle frappe à la porte. C'est sa chambre aussi maintenant. Elle est magnifique dans sa robe noire. « Presque. Il me manque mes boutons de manchette. » Je les prends sur ma commode et commence à les mettre quand Moira ouvre son tiroir pour en sortir une petite boîte. Quand elle me la donne, je souris et l'ouvre. Une chevalière en or dors dedans, une chevalière magnifique, dont la pierre est rouge et verte… pour Noël ? Alors que je la mets sur mon doigt, Moira m'explique la couleur de la pierre. Gryffondor et Serpentard. C'est encore mieux. Ma famille va détester, mais moi j'adore le message que ça envoie. La bataille entre Gryffondor et Serpentard ne devrait plus être d'actualité. « On se débrouille très bien même. C'est parfait Moira. Je l'adore. Merci. » J'embrasse sa joue et met mon dernier bouton de manchette. Elle m'embrasse à son tour et me dit qu'on doit descendre, que les invités sont là. Je soupire et passe ma main devant mon visage comme si je faisais semblant de mettre un masque.

Nous sortons de la chambre Moira et moi et descendons l'escalier. Tout le monde m'accueille avec un grand sourire que je sais totalement faux. Tous des hypocrites, mais je ne suis pas mieux. Je fausse également un sourire et fait semblant d'être heureux de les voir. Je salue chacun d’entre eux. Un moment plus tard, un ami m’apporte un verre en se doutant que j’en ai besoin. Je déteste avoir de l’attention, il le sait, alors il a voulu bien faire. Mais sans le savoir, il vient de contribuer à ma lente destruction. Je le remercie d’un sourire et continue de discuter avec les invités, ma magnifique femme à mon bras, que je n’arrête pas de couvrir de compliment à chaque fois qu’on nous demande comment se passe nos vies, comme si ça regardait tout le monde. On ne m’avait pas dit, jeune, que mon futur mariage serait l’affaire de tout le monde en fait. Je l’ai appris par moi-même quand mon père m’a annoncé que j’avais désormais une fiancée. Je lui avais demandé pourquoi est-ce que c’était lui qui décidait, que mon mariage et ma vie amoureuse ne devrait concerner que moi. J’ai trop parlé ce jour-là. J’ai prit un coup de sa part et j’ai vite comprit que ça ne concernait pas que moi. Du coup, je ne suis pas vraiment surpris qu’on nous demande sans arrêt comment on va. En même temps, les gens sont toujours à la recherche de ragots.

La soirée avance bien. Quand elle bat son plein, mon père insiste pour que je fasse un discours, et j’y vais malgré moi. Je fais un discours bien court et mon père le termine en disant que je suis trop modeste, ce qui fait rire les invités, puis il remercie tout le monde d’être venu. La discours fini, je me mêle aux invités, puis fini par m’excuser quand mon verre est vide et j’en ai besoin d’un autre. Je disparais donc dans le study pour aller faire le plein où je décide de boire mon verre au complet. Mon teint est un peu plus pâle qu’en début de soirée, mais je ne m’en rend pas compte. Ce dont je me rends compte par contre, c’est que j’ai un peu plus mal au ventre qu’au début, et qu’il fait une de ces chaleurs ici. Je dépose donc mon verre et me dirige vers la fenêtre pour l’ouvrir. L’air frais de l’hiver entre dans la pièce et je ferme les yeux pour en profiter. Inspirant profondément.

J’inspire profondément, et ça me fait du bien niveau chaleur. Je dois me reprendre un peu. Appuyé au bord de la fenêtre, j’essaie de me convaincre que je vais bien, que je n’ai pas mal au ventre. Jouer à faire semblant, je suis devenu un pro à ce jeu-là. Quand j’entends frapper, je ne répond pas au cas où ce serait un invité ou ma famille. Mais c’est Moira. Devrais-je lui répondre à elle ? Elle va sans doute s’inquiéter alors je dois me reprendre un peu. Elle entre dans la pièce avant que je n’ai pu répondre. En sentant l’air frais, elle me demande si ça va. Je me retourne alors vers elle et sourit, faisant semblant de rien. « Oui, pardon. » Je me retourne et referme la fenêtre. Je vais ensuite la rejoindre et pose mes mains sur ses bras. « Tu vas avoir froid si tu restes ici. »

Je retourne à mon verre et le rempli de whisky comme si de rien n’était. « Désolé d’avoir disparu. » Je me rapproche d’elle et cogne doucement mon verre contre sa coupe de champagne. « Je sais que tu as aidé à organiser cette fête, je n’aurais pas dû m’éclipser. J’ai juste profité que mon verre soit vide pour prendre un peu d’air. J’ai chaud. Et je peux faire le plein ici. » Je bois alors une gorgée, ignorant mon mal de ventre qui se fait plus grand. Mon teint reste plus pâle qu’il ne l’est d’habitude sans que je ne le sache. Mais sentant la chaleur que Moira dégage, je recule d’un pas et souffle. « Tu ne ressens pas la chaleur ici ? » Je retourne près de la fenêtre en détachant mon veston et l’ouvre d’une main, prenant une nouvelle gorgée de mon verre comme si de rien était.

Puis mon verre tombe par terre. Je le regarde tomber, l’air surpris. J’ai alors la tête qui tourne un peu, mais pas assez pour m’empêcher de bouger, ou de marcher droit. « Mince. » J’en ai renversé sur moi. « Tu peux appeler l’elfe de maison s’il te plaît ? » Je referme la fenêtre et avance vers Moira. « Je vais devoir me changer. J’en ai sur moi. » J’ai l’air agacé, mais vraiment, c’est parce que je me trouve bête d’avoir renversé mon verre comme ça, sans raison. « T’inquiètes, je vais me changer et je redescend rapidement. » Je pose un baiser sur son front et je rejoins notre chambre quand elle va trouver l’elfe de maison pour qu’il nettoie le dégât.

Je sors un autre de mes nombreux costume, retirant d’abord mes boutons de manchette pour les poser sur ma commode en attendant. J’enlève mon veston, puis ma veste, puis commence à détacher ma chemise. Et alors je suis pris d’un violent vertige. Je me tiens après la commode, pour ne pas tomber. Mon mal de ventre est alors insupportable. Je sue et mon teint vire presque au gris. J’ai encore plus chaud. Non. Je ne vais pas bien. Je suis loin d’aller bien. C’est si douloureux que j’en ai du mal à bouger autrement que pour me plier en deux. Et alors je tombe à genoux, puis sur le côté, par terre. J’aurais beau appeler à l’aide, on ne m’entendra pas à cause de la fête. C’est donc aujourd’hui que je laisse Moira ? Je ferme les yeux, impuissant. Quand la porte de ma chambre s’ouvre, je suis déjà inconscient. Je crois que la fête va se terminer plus tôt que prévue.

Des bruits de talons qui approche à grande vitesse, puis une présence à côté de moi. Je suis dans le noir total, mais je ne suis pas seul. C’est une sensation étrange. Une voix féminine, celle de ma femme. Elle me demande ce qui m’arrive, de lui répondre. Je n’en fais rien. Mon corps ne répond pas. Je n’ouvre pas les yeux, je continue de sombrer. On me retourne sur le dos, Moira s’affaire, je voudrais ouvrir les yeux, mais ainsi, je ne souffre plus. Mon corps engourdi ne ressens plus la douleur. Plus je sombre, plus j’ai l’impression d’être en paix. Du moins, jusqu’à ce qu’elle prenne mon visage et me rappelle que je lui ai promis de ne pas la laisser. Ce sont les derniers mots que j’entends avant de sombrer totalement dans l’inconscience. M’apparaît alors le visage de celle que j’ai aimé. Elle est là, me sourit. Je revis le même rêve que je fais d’habitude, quand je suis en alcool.

Mon père entre dans la pièce et Moira lui demande de l’aider. Il la regarde suspicieusement, sortant sa baguette de sa manche. Oserait-elle faire du mal à son héritier, après tout ce qu’il a pu faire pour elle, à commencer par l’accueillir sous son toit alors qu’elle était seule au monde ? Il voit que j’ai essayé de me changer, donc elle n’a pas totalement menti quand il l’a croisée en bas. Il sort donc de la chambre. Du haut de l’escalier, il agite sa baguette pour ouvrir la porte d’entrée. « La fête est terminée. Tout le monde dehors. » Ma mère le regarde, intriguée et inquiète, puis monte l’escalier. C’est à Elizabeth que revient la tâche de s’excuser aux invités et de les remercier pour leur présence. Ma mère découvre mon corps dans la chambre et essaie la même chose que Moira, soit de me réveiller.

Avant même que tout le monde soit parti, je me fais transplaner à Sainte-Mangouste avec Moira par mon père. L’aide arrive immédiatement et je suis pris en charge. Il faut plusieurs heures au médicomage pour revenir vers ma famille pour leur demander si je bois beaucoup. Tout soupçons sur Moira est dissipé. Je me suis empoisonné tout seul à force de boire. Les visites sont permises, les guérisseurs ont fait leur travail. Mais une heure plus tard, je ne suis toujours pas réveillé comme je devrais l’être...

Elle me tend la main, comme dans mon rêve. Je la prends et elle approche. Ses bras viennent entourer mes épaules et l’une de ses mains caresse ma nuque alors que son magnifique regard détaille mon visage. Elle vient alors m’embrasser et je répond à son baiser, comme si j’avais attendu toute ma vie pour goûter à ses lèvres. Jusqu’ici, il n’y a rien de nouveau. Ses lèvres sont douces, délicieuses, son baiser est tendre. Je ressens tout son amour pour moi. Doucement, ses mains viennent détacher mon veston, qu’elle fait ensuite glisser de mes épaules. Mon veston tombe par terre et elle commence à détacher ma chemise. C’est exactement pareil comme dans mon rêve, à l’exception d’un détail. La voix de Moira résonne dans ma tête. J’attrape alors les mains de ma née moldue et met fin au baiser. « Je ne peux pas. » Elle caresse ma joue. « Bien sûr que tu peux. Tu n’as qu’à me rejoindre. » Je secoue la tête doucement et fait un pas en arrière. « Je croyais que c’était ce que tu voulais, Ezra. » Elle n’a pas l’air en colère. Je baisse les yeux et hausse les épaules, enfouissant mes mains dans mes poches. « Ça n’a pas changé. Mais j’ai fait une promesse. » Sur ses lèvres s’étirent un sourire sincère, compréhensif...

Quelques heures se sont écoulées. C’est le matin. Ma soeur est partie à Galdbury expliquer que je ne pourrai pas venir en classe et essayer de récupérer de travaux que je pourrai faire quand j’aurai l’occasion. Elle est optimiste. Mon père et ma mère sont sortis pour aller prendre l’air, inquiets. Ils m’ont confiés à Moira. Quand j’ouvre les yeux, je constate que je suis à Sainte-Mangouste. Je reconnais le plafond. C’est la deuxième fois que je me réveille ici. Je tourne la tête, comme si je m’attendais à voir ma mère en train de pleurer, mais c’est mon épouse que je vois. Sa tête brune est couchée sur le lit. Elle a dû s’assoupir là à m’attendre. Elle ne m’a pas laissé seul. Je souris légèrement. Mon corps ne souffre plus, mais je me sens épuisé encore, comme si j’avais fait la bataille de ma vie. J’ai pourtant assez d’énergie pour aller caresser les cheveux de Moira.

J’ai fait une promesse. La promesse de ne pas la quitter, de ne pas la laisser seule. Il semblerait qu’en faisant cette promesse, j’ai modifié mes plans d’avenir. Je dois vivre. On s’est donné nos mains, Moira et moi, à la vie à la mort, mais si je peux survivre pour elle, ou ne serait-ce qu’exister pour elle, je devrais le faire. Ainsi, je regarde ma née moldue qui n’a pas l’air de m’en vouloir, bien au contraire, puis j’ouvre les yeux. Quand je vois Moira, je souris légèrement. Elle a déjà eu l’air plus paisible en dormant. Moi aussi je l’ai observé. Moi aussi j’ai veillé sur son sommeil parfois.

Elle sursaute alors que je suis en train de lui caresser les cheveux et se redresse d’un coup sur sa chaise. Son visage est marqué par le sommeil, la pauvre. Elle a dû s’inquiéter. Elle me demande alors comment je vais et je m’apprête à répondre quand elle enchaîne avec sa prochaine question, puis une autre. Puis elle baisse les yeux, comme si elle avait honte. Elle attrape ma main et je la serre dans la mienne. Ses mots suivants me paraissent futiles. Elle est triste, ou seulement très fatiguée ? « Hé… » Je racle ma gorge et l’attire doucement vers moi pour qu’elle s’installe près de moi dans le lit et que je la serre dans mes bras.

J’appuie ma joue contre sa tête et ma main derrière elle vient caresser ses cheveux. Je suis calme. Malgré ma fatigue et la situation, j’arrive à être bienveillant. « Tu t’es inquiétée pour moi. Je suis désolé. » J’embrasse son front. Nous sommes seuls et je n’ai pas besoin de prétendre que nous nous aimons. C’est ridicule que Moira puisse aimer un monstre comme moi. Mais je suis son ami et je vois bien qu’elle a peur pour moi. Je m’en veux de l’avoir mise dans cet état. « Je suis fatigué, en effet, épuisé même. Mais à part cela, je vais très bien. » Du moins, je le crois. Je ne sais même pas ce que j’ai pu avoir pour tomber ainsi. « Je n’ai besoin de rien d’autre que ce que j’ai là en ce moment, mais merci d’avoir demandé. Je n’ai plus mal maintenant. Je vais vraiment mieux. » Je n'ai plus mal sans doute à cause d'une potion, mais les dommages sont toujours plus ou moins là. Mon foie en a pris un coup et il y a une limite à ce qu'un médicomage puisse faire.

Visiblement je suis faible. Je ne serais sans doute même pas en mesure de me tenir sur mes jambes, mais j’arrive à la serrer un peu plus fort contre moi. À peine. Mon autre main relâche la sienne et je viens placer un doigt sous son menton pour trouver son regard. Je lui souris, le regard encore fatigué, comme si j’allais m’endormir à n’importe quel instant. « Donne-moi juste le temps de bien me réveiller et nous pourrons rentrer pour se mettre au lit. On sera plus confortable. »

Je sens Moira tendue dans mes bras. Y a-t-il plus que de la peur dans son cœur, dans ses yeux ? Je la serre contre moi et m’excuse de l’avoir inquiétée. Elle m’avoue alors avoir eu peur qu’on s’en soit prit à moi. « Non. Personne ne m’a fait de mal Moira. » Avec autant d’invités autour, quelqu’un serait bête d’essayer de s’en prendre au fils Yaxley. J’étais seul dans la chambre quand je me suis écroulé. Malgré le fait que je lui ai dit, elle enfouie son visage contre mon torse. Je la serre un peu plus fort et caresse ses cheveux. J’essaie de la rassurer en lui disant que je vais bien, que je suis seulement épuisé, mais pourquoi elle ne se détend pas.

J’avoue ne pas trop savoir quoi lui dire. Normalement, elle est plus réceptive à mon réconfort. Du moins, j’en ai l’impression. Aujourd’hui, ça ne fonctionne pas. Est-ce que je l’ai ébranlée à ce point ? Pourtant, je me sens bien. Aussi bien que quand j’ai passé une nuit blanche, mais je vais bien. J’ai juste besoin de dormir. Je passe un doigt sous son menton. Je souris le plus sincèrement possible pour la rassurer et lui dit de me donner un peu de temps pour me réveiller avant qu’on ne puisse rentrer et se mettre au lit, mais son sourire triste me fait comprendre avant même ses mots que je ne rentrerai sans doute pas tout de suite. Je hausse un sourcil, surpris. Quel est le problème exactement ?

Moira détourne le visage et le regard, son menton se libérant de mon emprise. Sa tête revient sur mon épaule et elle cache son visage dans mon cou. La voix de celle-ci est brisée quand elle me demande pardon pour ne pas avoir été à la hauteur. J’affiche alors un air inquiet, puis fronce légèrement les sourcils. Elle doit se ressaisir et arrêter de croire que c’est de sa faute. Je prends un moment pour réfléchir à quoi lui dire. « Moira… » À nouveau, je caresse ses cheveux en sentant sa respiration chaude dans mon cou, de quoi me faire me sentir bien. « Je suis là à cause de l’alcool, c’est ça ? » J’inspire, puis soupire. « J’avais ce problème avant que je ne te laisse entrer dans ma vie. Ce n’est pas ta faute. C’est la mienne. Je voulais me détruire Moira. »

Ma main cherche sa joue pour l’inviter à me regarder. Mon regard plonge dans le sien. J’ai l’air sérieux, un peu triste, mais il y a un peu de détermination que je n’avais pas avant. « Tu n’as aucune raison de t’excuser. Bien au contraire. Si je suis réveillé, c’est grâce à toi. » Je détourne les yeux. Ma tristesse est un peu plus grande alors. « Je t’avais dit que je rêvais à elle quand je buvais… J’ai encore rêvé à elle. C’était encore le même rêve sauf que cette fois, j’ai l’impression qu’elle venait me chercher. Enfin… comme si mon inconscient avait eu besoin d’une raison de partir. Mais j’ai refusé de la suivre. » Je la regarde à nouveau. « Parce que j’ai fait une promesse à mon épouse. » Et alors je fronce légèrement les sourcils, détournant les yeux en me souvenant de quelque chose. « Tu… Tu me l’as rappelé, non ? Quand tu m’as trouvé… Je crois que c’est la dernière chose que j’ai entendu. »

Vu ce qu’elle me dit, je devine qu’elle se sent coupable et du coup, malgré le fait qu’elle me dit qu’elle n’a pas vu combien j’étais mal, je lui dit qu’elle ne doit pas s’en vouloir, qu’au contraire c’est grâce à elle que je me suis réveillé. Elle semble alors étonnée, dans l’incompréhension alors je lui explique ce qui s’est passé, le rêve que j’ai fait, comme quoi il s’agissait sans doute de mon inconscient qui cherchait une raison pour moi de partir, mais que finalement j’ai trouvé une raison de rester : la promesse que je lui ai fait de ne pas la laisser. Alors le souvenir me revient aussitôt. Elle m’en a parlé quand elle m’a trouvé je crois. Elle me le confirme en me disant qu’elle était paniquée quand elle m’a trouvé.

Mon coeur se serre à l’imaginer agenouillée près de moi, pâle comme la mort, inconscient sur le plancher de la chambre. Est-ce que je l’ai fait pleurer ? Je me sens mal pour le coup. J’aurais dû me réveiller avant. Mais elle dit que j’étais déjà loin quand elle a essayé de me réveillé, et je secoue légèrement la tête sans pour autant l’interrompre. Je n’étais pas si loin que ça, si je l’ai entendue. Puis alors mon regard s’obscurcit quand elle dit que mon père a cru que c’était elle qui m’avait fait du mal. « Pardon ? »

Elle poursuit pourtant sur autre chose. Très bien, mettons le sujet de mon père de côté pour plus tard. Je lui glisserai un mot quand je le verrai. Il a voulu que j’épouse Moira, il faudra bien qu’il s’attende à ce que je la défende corps et âme. Bref, Moira demande ce qu’elle deviendrait sans moi et je l’observe me tourner le dos. J’ignorais qu’elle avait aussi peur de ma disparition. Ça ne devrait pas pourquoi, puisqu’elle n’est pas amoureuse de moi. Je ne suis personne dans sa vie, sauf un homme à qui elle a emprunté le nom… n’est-ce pas ? À moins que ça ait changé dans la dernière année. Serait-ce possible ?

Non. C’est impossible. C’est impensable. Moira ne peut pas tomber amoureuse d’un homme comme moi. Peut-être aie-je été trop tendre avec elle. Peut-être devrais-je être plus froid ? Peut-être devrais-je lui rappeler qu’elle a épousé un monstre. « Moira… » J’attrape sa main. « Tu serais devenue exactement la même femme que tu es sensée devenir. Je ne change absolument rien à ta vie. Tu fais juste porter mon nom je te rappelle, et porter un anneau que j’ai mis sur ton doigt. Oui, on est amis et on s’amuse parfois, mais je ne suis rien de plus pour toi. Tu es forte, et tu n’as besoin de personne. Tu ne dépends de personne. Surtout pas de moi. » Je relâche sa main. Si vraiment je dois m’éloigner d’elle pour qu’elle ne m’aime pas, je vais le faire. Je l’ai fait avec Elle. Si c’est pour protéger le coeur de Moira, je le ferai aussi.

J’ai l’impression que le fait que je relâche sa main est la goutte de trop pour elle. Je veux juste la protéger. C’est absolument tout ce que je veux. Aurait-il fallu que j’y reste pour ce faire ? Je la regarde se lever, les poings serrés. Elle est en colère. Je viens de lui faire du mal et à sa question, je comprends que je ne me trompe pas, qu’elle a bel et bien des sentiments autre que de l’amitié. Sous mes yeux, la scène me paraît trop familière. J’ai l’impression de revoir la scène quand c’est son coeur à Elle que j’ai brisé. Moira me demande si c’est vraiment ce que je pense et mon air surpris et incompréhensif se transforme en culpabilité. Avec Moira, je n’arrive pas à afficher un air détaché, froid, comme je l’ai fait avec Elle.

Moira a les larmes aux yeux et mon coeur se brise. Je baisse les yeux de honte. Je sais que je suis ici à cause de l’alcool, mais j’ai déjà une forte envie de whisky. J’aurais peut-être dû partir finalement. Je ne lui aurait ainsi pas fait de mal. Du moins, pas comme ça. J’écoute ses paroles, les mots qu’elle me lance sur un ton acerbe. Quand elle se penche pour attraper ses chaussures, je relève les yeux sur elle. Elle va partir comme ça ? « Moira… » Elle ne part pas, elle se laisse plutôt tomber sur le fauteuil. Ses chaussures retombent alors par terre et elle cache son visage de ses mains pour se mettre à pleurer. Je suis mal. Je ne sais pas où me mettre. Je me redresse un peu dans le lit, ma condition ne m’important plus vraiment. Juste ce mouvement est suffisant pour que j’en sois un peu étourdi, pas à cause de ma condition mais à cause de ma grande fatigue. Je me tourne et met mes jambes dans le vide dans le but de me lever. Évidemment, aussitôt que mes pieds touchent par terre, je n’arrive pas à tenir debout. Je tombe à genoux. Mais c’est bien. C’est tant mieux, puisque je suis à genoux devant elle.

Je secoue la tête légèrement pour reprendre mes esprits. La pièce bouge un peu, mais après quelques secondes, je prends doucement les mains de Moira. « Je ne pensais pas que je comptais à ce point pour toi Moira. Je suis désolé. » Ce n’est pas ce que je devrais dire. Je devrais lui dire de ne pas m’aimer, alimenter sa colère envers moi. Pourtant, quand je m’adresse à elle, je lui parle avec mon coeur. Ce doit être la fatigue, n’est-ce pas ? « Moira… Souviens-toi… » J’ai alors moi aussi des larmes aux yeux, mais elles ne coulent pas. « Quand on a couché ensemble la première fois. Je t’avais dit que j’allais te briser. » J’inspire profondément, serrant ses mains un peu plus fort. « C’est ce que je fais, Moira. Je détruis tout ce à quoi je m’attache. Je t’avais prévenu. » Je me déteste. Je lui avais bien dit que j’allais lui faire du mal, comme je l’ai fait à la née moldue de mon coeur.

Moira ferme les yeux pendant un instant. J’ai mal. Je suis tombé lourdement sur mes genoux, mais la douleur s’endure facilement. Je baisse les yeux un instant et essaie de me reprendre, secoue la tête un peu comme si ça allait calmer mes étourdissements. Pendant son silence, je regrette d’être revenu et de lui avoir fait du mal. Si j’étais resté inconscient, sa souffrance serait plus douce, moins cruelle. Je veux son bien. Je veux qu’elle soit heureuse, et je ne peux pas concevoir dans ma tête que ça puisse être moi qui lui apportera le bonheur quelle mérite. Elle me rappelle à son tour qu’elle m’a dit qu’elle pouvait résister et qu’elle me dirait quand elle sera amoureuse…

Je le sens alors venir aussi rapidement que le balai le plus rapide. Je sais qu’elle va m’annoncer qu’elle est maintenant amoureuse de moi. Je savais que ça arriverait. Je le savais et pourtant je me suis laissé aller à dormir dans ses bras, caresser ses cheveux quand elle se blottissait, rire avec elle… Je savais que ça arriverait et j’ai laisser les choses se faire. Je n’affiche donc pas de surprise quand elle me dit qu’elle est amoureuse. Mais alors je me pose la question. Et si… ?

Et si elle avait rencontré quelqu’un ? Et si elle était réellement amoureuse d’un autre et que je me fais des illusions ? Et si je devais me retrouver seul du jour au lendemain ? Pourquoi est-ce que cette idée me fait peur ? Pourquoi suis-je un peu rassuré, en même temps d’avoir peur, quand elle me dit qu’elle est amoureuse de moi. Je suis flatté, touché, heureux même, mais je suis également terrorisé, et donc je refuse de croire que je pourrais ressentir quoi que ce soit. L’idée ne me vient même pas en tête. Je tiens à elle, certes. J’y suis attaché, mais être amoureux ? Plus jamais… N’est-ce pas ?

Je pose ma main sur la sienne qui est sur ma joue. Elle prend quelques secondes avant de reprendre la parole, moi-même était incapable de dire quoi que ce soit. Que puis-je lui dire après tout ? Elle me dit qu’elle sait qu’elle ne peut pas rivaliser avec Elle, qu’elle est trop présente en moi, je secoue la tête mais elle baisse les yeux. Elle ajoute qu’elle est pourtant prête à souffrir pour rester près de moi. « Non… » Les yeux embués, j’ignore la douleur dans mes genoux et secoue la tête encore, légèrement. « Moira, c’est exactement ce que je ne veux pas que tu fasses. Je refuse que tu souffres. C’est trop difficile de te voir souffrir. » Je lui ai fait le même coup qu’à toutes les autres. Je suis un horrible monstre.

J’approche sa main que je tiens toujours de ma bouche et embrasse ses doigts. « Moira, ce n’est pas une compétition entre elle et toi. Je me suis réveillé, non ? J’ai refusé de sombrer jusqu’à un point de non-retour pour te revenir Moira. Tu as eu peur pour moi. Je suis désolé. Mais je ne vais nulle part. Je t’ai fait une promesse. Je compte la tenir. » À mon tour d’aller poser ma main sur sa joue. Je la caresse quelques secondes avant de redescendre mon bras qui était si lourd à porter. Dans mon regard, elle peut lire la fatigue qui s’intensifie à chaque seconde. Mes yeux se plissent un peu même. « Dis-moi ce que tu veux que je fasse Moira. Je ne veux pas que tu souffres. »

Elle ne répond pas à ma demande. Je voudrais pouvoir l’aider, la faire se sentir mieux, mais je ne sais pas comment et c’est pour cette raison que je lui pose la question, mais elle ne me répond pas. À la place, elle glisse de sa chaise pour se mettre à genoux devant moi. Ses bras viennent m’enlacer et je la serre contre moi aussi, écoutant ses paroles. Elle ne veut pas que je pense que c’est ma faute si elle est amoureuse de moi. Pourtant, ça l’est un peu non ? Si j’avais continué d’être un monstre à ses yeux, les choses seraient différentes aujourd’hui. Elle serait probablement libre maintenant, libre de toute obligation envers ma famille.

Moira inspire profondément alors que je ferme les yeux, juste pour les reposer un peu. Elle me pose alors une question par rapport au fait qu’il n’y a aucune compétition à avoir entre elle et la née moldue que j’ai aimé. Elle me demande comment je réagirai si elle revient à la vie. Je la regarde alors, un sourcil arqué alors qu’elle m’offre un sourire triste. Se pose-t-elle vraiment la question ? N’est-ce pas clair que rien ne pourrait changer si elle revenait à la vie ? Pourtant je ne dis rien. Je sais qu’elle n’a pas fini de parler et je ne veux pas l’interrompre. Elle me dit qu’elle ne veut pas que je sois prisonnier d’elle et me donne l’impression qu’elle n’a pas du tout comprit ma situation et son rôle dedans.

Je détourne les yeux en hochant la tête et ses mains attrapent mes joues pour retenir mon regard que je repose dans le sien. Elle me dit être reconnaissante que je sois revenu pour elle, et pose ses lèvres sur les miennes. Elle me lâche ensuite pour prendre mon bras et m’aider à me relever. Je m’accroche au lit de l’autre bras pour m’aider aussi et grâce à elle, je regagne le lit. Pendant que je me réinstalle confortablement, elle réinstalle son fauteuil près du lit et murmure qu’elle sera là, toujours. Je secoue la tête. « Je ne peux pas dormir en te laissant dans cet état Moira… »

Je tends la main pour qu’elle la prenne. Certes, je suis épuisé et je peux m’endormir dans la minute si je me laissais sombrer, mais je ne veux pas. Je veux mettre les choses au clair. Je baisse aussi le ton dans ma faiblesse. « Moira… si elle revient à la vie… je ne peux pas prévoir comment je réagirais, mais les choses ne changeront pas... Elle reste ce qu’elle est, et je reste ce que je suis. Si elle revenait vers moi… je porterais encore mon masque habituel et la repousserait. Il n’y a rien qui se passer entre elle et moi. En fin de journée… c’est encore à tes côtés que je vais rentrer. Je ne prendrais pas le risque de lui attirer des ennuis. » Je serre sa main, posant ma tête lourde sur l’oreiller. « Je suis prisonnier de ma vie… de mon masque… mais pas de toi. Au contraire, tu es la seule chose de bien dans ma vie de prisonnier… On m’a donné une chose à laquelle m’accrocher et je ne veux pas tout gâcher. » Je relève la tête mais la repose immédiatement, forçant mes yeux à rester ouverts. « Je… J-j’ai des sentiments pour… une autre… Mais je ne p-peux pas te perdre non plus… Et je… Je ne veux pas… te faire de mal… » J’ai du mal à compléter mes phrases d’une traite. Je suis en train de sombrer dans le sommeil doucement. Je ferme les yeux, inspire, expire. Puis j’ouvre les yeux à nouveau.

« J-je déteste les hôpitaux… je sssuis mal ici… la guerre… Je veux rentrer… » Ma voix n’est plus qu’un murmure. À nouveau, je ferme les yeux, plongeant doucement dans le sommeil.