Les morts qui marchent la nuit [Part.1] » solo

La chaleur faisant perler de la sueur sur sa peau. Devant lui, ce paysage qu’il n’avait pas revu depuis plusieurs années. L’Afrique lui tendait à nouveau les bras alors qu’il l’avait quitté en assez mauvais terme. Les années 50 étaient une goutte d’eau dans son passé tumultueux. Pourtant ici rien ne semblait avoir changé, la pauvreté était toujours aussi présente et sur le visage inexpressif des gamins une forme d’inconscience de la réalité dans laquelle il leur fallait évoluer. C’était parfaitement pathétique, rien qui ne saurait toucher l’âme hermétique de l’ancien mangemort.

Son pas était lent et assuré, fendant la foule urbaine pour s’aventurer dans un coin que l’on appelait aujourd’hui un bidonville. Le regard fou du sorcier se baladait sa et là sur les faciès insipides des gens de couleurs qui le regardaient passer. Était-ce parce qu’ils croisaient rarement un blanc ou bien était-ce le fait de sa mine patibulaire ? Peut-être un mélange des deux. L’animal n’en avait cure. Sa silhouette disparue bientôt au détour d’un croisement, parmi les détritus et matériaux de constructions miteux.

- Où est-il ?

Le grognement avait fait sursauter le gamin qui lui tournait le dos, pour la première fois il voyait une expression naître, celle de la peur. Il voyait les prunelles noires parcourir son visage balafré tandis que la bouche était légèrement entre-ouverte. Il ne savait pas s’il devrait répondre ou fuir cet étranger.

- M’oblige pas à répéter, gronda le molosse en montrant les dents.

Aussitôt le gamin tendit le bras dans la direction souhaitée. L’homme poussa un soupire et regarda ce que le gamin pointait. Mais aussitôt ce dernier détala comme un lapin de peur de se faire mordre. Thor suivit la silhouette du petit avant de reporter son attention sur ce qui devait être considérer comme une maison par les gens d’ici. Ainsi il reprit sa progression.

La porte vola en éclat tandis que la lumière et la chaleur venaient s’engouffrer dans la pièce. Un vieillard s’était couvert le visage avec son bras afin de se protéger. L’incident passé, il le baissa lentement pour découvrir une silhouette massive dans l’encadrement de la porte d’entrée. Thor s’avança de quelques pas pour se rapprocher de l’homme. Il avait l’œil terne, sans doute un début de cataracte, la gueule émaciée par le temps et la malnutrition. Pourtant… Il n’avait pas de peine à reconnaître le personnage misérable qui se tenait devant lui.

- Tu… tu es vivant ? Balbutia-t-il le regard terrifié. Pour… pourquoi ?

La question était sans doute : pourquoi tu n’es pas vieux ? Le molosse n’avait pas de réponse à lui apporter, quand bien même il y en avait une. Il n’était pas venu là pour discuter avec un vieil ami. Il s’approcha encore et s’agenouilla face à son interlocuteur.

-Où est-ce que tu l’as caché ? Demanda Thor.
- De quoi tu parles ?

L’animal l’attrapa par le col pour le rapprocher. Sur son visage un air menaçant qui ne laissait pas la place à la moindre pirouette verbale. Thor n’avait ni le temps ni la patience et le faisait clairement comprendre. Sa patte lourde aurait tôt fait de briser la nuque du vieux sorcier qui avait trop peur de faire quoi que ce soit. Sans doute avait-il l’impression de voir un fantôme, ce qui n’était qu’à moitié le cas.

- L’amulette, où est-ce qu’elle est ?

Une relique de leur passé commun, une piste également de la véritable raison qui l’avait poussé à retourner sur le continent africain aujourd’hui. D’une main tremblante, il indiqua une vieille photo épinglée sur le mur décrépi. Sur celle-ci, la silhouette d’un autel perdu dans la jungle équatoriale. Sitôt il comprit où il devait aller, au Congo. Le vieillard le supplia de le laisser en vie, qu’il ne lui poserait pas de problème, mais l’ancien mangemort ne voulait prendre aucun risque si jamais d’autres étaient sur sa piste et sur celle de l’amulette. Alors, sans ménagement il fit en sorte de réduire son ancien ami au silence. La nuque brisée, il s’effondra sur le sol, mort. Thor transplana aussitôt sans plus laisser de trace derrière lui en dehors du corps et de la porte disloquée.