Dmitri V. Nikolaïev » terminée

† PENSEZ-VOUS QUE LA NATURE DU SANG EST UNE CHOSE IMPORTANTE ? C'est une invention des puissants pour tenir les faibles en respect et s'assurer le pouvoir. Mais le vrai pouvoir s’acquière à force de travail et surtout en éliminant ceux qui nous font obstacle.

† QUE PENSEZ DU PHÉNOMÈNE DES RÉSURRECTIONS ET DES REVENANTS ? Dans mon métier c'est un véritable problème, revoir d'anciens ennemis n'est pas bon pour le business.

† QUEL EST VOTRE ULTIME SECRET ? Il faudra me tuer pour le savoir.

† DE QUELLE FAÇON LA DERNIÈRE GUERRE, AFFRONTANT HARRY POTTER ET VOLDEMORT, VOUS A-T-ELLE AFFECTÉE ? La Bratva a dû collaborer et se ne fut pas de gaieté de cœur, nous ne sommes pas vraiment connu pour rendre service sous la menace. A dire vrai, les mangemorts se sont fait un ennemi.

† SI VOUS POUVIEZ CHANGER UN ÉVÉNEMENT DU PASSÉ, QUE SERAIT-IL ? J'aurais souhaité éviter la mort tragique de mon épouse, mais vous savez, les drames font partis de notre existence.

† Histoire : J'étais au bout du monde. Ou bien au bord d'un monde. Je ne savais pas. Tout ici laissait à penser qu'il existait un millier de mondes, voire autant qu'il existait d'humains sur cette terre. Face à moi, le détroit de Béring qui me laissait apercevoir les côtes de l'Alaska. Une silhouette tremblotante dans le lointain. Par temps clair, on pouvait presque avoir l'impression d'observer des volutes de fumés s'échapper des villages de pêcheurs. Ce n'était peut-être qu'une illusion, l'espoir que nous n'étions pas seuls à regarder au-delà des mers. Face à l'immensité de la nature, force était de constater que je n'étais qu'une créature insignifiante en comparaison du vaste monde. Ma baguette me semblait bien ridicule au regard des puissances qu'il m'avait fallu affronter. J'aurai pu transplaner sans effort, me contenter d'un voyage facile. Mais alors je n'aurais eu aucun privilège à pouvoir contempler ces paysages qui me sont à présent donnés d'observer avec respect. Le Tchoukotka m'avait offert une myriade de tableaux tous plus beaux les uns que les autres. Cette récompense avait bien plus de saveur lorsque l'aventure se faisait au prix de l'effort et de la sueur.

St Petersboug, 21 décembre 1959 ;
Il me semblait qu'aujourd'hui était le premier jour du reste de ma vie. Peu de gens pensaient que mon expédition allait arriver à son terme, que je rebrousserai chemin à la première difficulté. Il en allait de mon orgueil et de ma crédibilité de parvenir à faire mentir les mauvaises langues. Les sorciers, tout comme les non-maj, n'étaient pas connus pour leur capacité à sortir de leur zone de confort. Pourquoi vouloir se faire du mal lorsque l'on avait seulement besoin d'une baguette et d'une bourse pleine de dengi ? L'aventure n'était bonne que dans les livres. Elle se conjuguait au passé. Mais qui serai-je si je n'étais pas capable de tenir parole ? Quel genre d'homme était-on à se contenter d'une vie sans saveur, sans peur ? Il n'y avait rien de bien excitant à courir après le temps.

Ce jour là, au premier jour de l'hiver, je me lançais donc dans une expédition avec pour but de rejoindre Anadyr en passant par le cercle polaire arctique. Etais-je fou ou complètement sot ? L'avenir me le dira. Je partais ainsi en direction du nord pour rejoindre mon point de départ situé à quelques kilomètres du cercle polaire. Derrière moi, un traîneau qui contenait tout ce qui pouvait m'être utile pour cette aventure. Je m'étais accorder le droit d'user de la magie en certains cas, mais il me fallait traîner derrière moi une charge de quelques deux cents kilos. Il fallait se forger le corps et l'esprit. Il n'y avait aucun mérite à se contenter d'agiter une baguette.

Mars 1960 ;
La toundra se dévoilait à moi après une tempête de plusieurs jours. Je sentais que la température avait légèrement remonté. Le printemps montrait enfin le bout de son nez, mais le sol lui restait gelé en permanence. Je le savais mais la nature m'avait confirmer qu'elle était capricieuse et bien plus forte que moi. Il me restait encore tellement de chemin à parcourir. Le monde m'apparaissait soudain infini, lui qui n'avait été que chaos dès que j'avais quitté mon port d'attache, la ville de ma naissance.

Septembre 1960 ;
Dès mon premier pas en dehors de la civilisation, il m'avait fallu me battre en tout temps, en toute occasion. Il me semblait n'avoir peur que d'une chose, celle de mourir alors même qu'il me restait encore maintes choses à découvrir de ce monde. Mais ce jour là, quelque chose en moi c'était brisé. Une particule de mon être si minuscule que je ne l'avais pas perçu jusqu'alors. A présent j'avais peur de ne pas mourir. J'avais enduré tout ce qu'il était humainement possible de supporter : la faim, le froid, la soif, la solitude, la tristesse, la douleur, la peur. Mais à présent, alors même que le monde semblait continuer à s'étaler devant moi, sans fin, je renonçais. A genoux dans la toundra, avancer encore signifiait la poursuite de toutes ces tortures qui n'avaient plus de sens. Il me suffisait juste d'agiter ma baguette et je serais de retour auprès des miens. Un simple geste. C'était si facile, si tentant. Non, plutôt mourir que de donner raisons à ceux qui ne croyaient pas en moi. Plutôt mourir.

Je n'aurais su dire combien de temps j'étais rester là, immobile dans ce paysage désertique et froid. La caresse du vent sur mon visage. Je m'étais endormi dans la bruyère. Un sursaut qui me laissa sentir que je m'éveillais d'un rêve terrifiant. Je me tenais à nouveau là, vivant. La météo semblait clémente et dans le ciel le soleil me paraissait plus bienveillant qu’auparavant. La nature m'avait finalement acceptée, elle me laissait marcher parmi elle et m'offrait ce qu'elle avait de plus beau. Une renaissance.

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