Une descente aux enfers après le paradis » thor a. [terminé]

23 avril 2001, 21h13 ;
L'odeur humide d'un mois d'Avril à Londres, l'obscurité déjà tombée à cette heure. Allongé sur le sol d'une ruelle douteuse, je regardais la noirceur du ciel. La lueur de l'éclairage urbain m'empêchait de distinguer nettement la couche nuageuse qui enveloppait la capitale britannique ce soir là. Puis il y avait la douleur, lancinante. Mon corps me faisait souffrir atrocement, j'avais l'impression que l'on m'enfonçait un millier de lames chauffées à blanc dans la chair. Les yeux rougit par la violence dont je venais de faire les vrais, je sentais encore la brûlure de ses mains sur ma gorge, l'air me manquer. Une larme perla sur ma joue, allant se prendre sur le bitume sur lequel avait déjà coulé mon sang. J'avais mal comme jamais je n'avais eu mal avant cela. Le sortilège de Mort était été une délivrance à cet instant, l'assurance de retrouver la paix après cette attaque. Mais il n'y avait que moi et ce corps en morceau, une prison pareille à l'enfer. Depuis combien de temps j'étais là ? Je n'aurais su le dire, car lentement je sombrais dans l'inconscience pour ne plus avoir à affronter le mal qui me rongeait de l'intérieur.

Quelques heures plus tôt ;
J'avais quitté la quiétude de mon bureau au ministère, quitté la brigade de police magique sans même me retourner car je savais que j'y reviendrai demain. J'avais fini mon service et il était à présent temps de retrouver le calme de la vie civile. Pourtant, j'avais eu envie de divaguer un peu dans les rues de la capitale britannique avant de rentrer. Je me souvenais encore de ce soir de janvier où j'avais retrouvé la vie, mon corps, mes souvenirs. Une période étrange durant laquelle la vie n'avait pas été des plus évidentes. J'étais perdu mais pas seul grâce à Lily et Harry. Ce soir j'étais parti à l'aventure des rues londoniennes, me heurtant de plein fouet à la vie urbaine dont j'avais l'habitude autrefois et à nouveau depuis quelques mois, voire même un peu plus d'un an. Surtout que ce soir, les rues étaient animées. Pour quelle raison ? Je n'en avais pas la moindre idée, les moldus britanniques étaient des fêtards invétérés, qu'importe la saison.

Mais plus que des fêtards, ils étaient également très bagarreurs une fois un peu trop d'alcool dans le sang. Il me fallait esquiver la bagarre qui venait d'éclater à la sortie d'un pub, rapidement.

Une ombre dans la nuit. Une parmi tant d'autres. Londres était animée, comme chaque soir et peut-être un peu plus qu'à l'accoutumé, ou bien était-ce seulement une impression ? A croire que chaque soir les moldus tentaient d'oublier leurs malheurs en buvant plus que de raison. Adossé contre le mur de brique d'un immeuble ancien, dans la pénombre de la ruelle qui lui servait d'alcôve, le molosse observait la sortie d'un pub avec attention. Nul n'aurait su dire s'il était là depuis longtemps ou non, mais il guettait paisiblement. Quand enfin il décida de quitter son abri pour entrer dans la lumière des réverbères qui arboraient la rue. D'un pas tranquille il s'avança jusque dans le pub pour y entrer. Personne ne fit vraiment attention à lui tandis qu'il fendait la foule, à croire qu'il était presque invisible pour ces gens là, ceux qui étaient dépourvu de magie. Il suffisait de lire dans leurs esprits pour comprendre. Pour la plus part, ils étaient centrés sur leur petit vie, ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez. Ils voulaient être entendu et mais n'écoutaient personne en retour. Voilà pourquoi Thor passait pour un invisible, il ne les intéressait pas, eux et leurs petits soucis.

Jusqu'à ce que finalement il trouve le client idéal. D'un pas décidé, il passa à côté d'un solide gaillard qu'il bouscula sans ménagement de façon à ce qu'il renverse sa chope de bière sur lui. L'homme porta son regard sur le molosse en lui lançant toute la haine qu'il pouvait, l'alcool déjà bien dilué dans son sang. Thor lui tenait tête dans ce duel de regards de primates préhistoriques.

- Et tu t'excuses même pas gros enculé ? Mugit l'homme en voyant l'animal qui allait pour s'éloigner, l'air d'en avoir rien à faire.
- T'étais sur mon chemin, répondit-il.

Sans attendre, sans même chercher à parler plus longtemps, le moldu l'attrapa par la manche pour le ramener vers lui et tenter de lui asséner un coup de poing en plein visage. Thor eut un mouvement de recule, profitant de l'inertie de son adversaire pour que celui-ci aille frapper un autre client du bar. Bientôt, ce qui devait être un règlement de compte entre gentlemen dégénéra en bagarre général. La plus part des clients s'étaient retrouvés dans la rue, se frappant dessus à tout va sans vraiment chercher à savoir si la personne en face était un réel adversaire.
Thor esquiva bien vite les affrontement, tournant autour du ring qu'était devenu la rue pour observer les passants qui regardaient la scène. Certains arboraient une mine déconfite et faisaient volte face pour ne pas se retrouver pris dans la mêlée générale. D'autres tentaient de passer quand même en longeant les murs. Ce fut l'un d'eux qui attira l'attention du molosse, ces grandes boucles noirs et son regard clair… Il était là.

Alors qu'il était à peine à quelques pas de lui, Thor réduisit l'écart en quelques enjambés avant de lui donner un coup de point en pleine tête, le repoussant de ce fait dans la ruelle qu'il avait quitté quelques temps plus tôt.

Je fus comme projeté sans prévenir, soulevé de terre avec une telle aisance qu'il m'était impossible de résister à cette emprise malvenue. Mes pieds avaient quitter le sol sans même me laisser le temps de réagir. Je n'entendais plus que le chaos avant que celui-ci ne soit balayé par la surprise. Mes sens en alerte, ce fut l'adrénaline qui envahis mon corps si rapidement que le reste fut occulté. Jusqu'à ce que je rencontre le sol humide de cette ruelle dont je n'avais pas pris connaissance jusqu'à présent. Une rencontre qui n'avait rien de sympathique. Une vive douleur s'éveilla dans mon bras et dans ma tête, me laissant à terre pendant un instant. La vue quelque peu troublée, je voyais cette silhouette sombre et massive se diriger paisiblement vers moi. Elle n'avait pas l'air de vouloir me porter secours. C'était comme si… Comme si la personne m'observait.

Je secouais la tête pour tenter de reprendre mes esprits, avant de chercher à me relever et voir l'environnement urbain au quel j'étais confronté.

- Qu'est-ce que vous me voulez ? J'ai rien pour vous, dis-je en tentant de prendre mes distances avec l'inconnu.

Hélas, il ne semblait pas bien bavard. Ma baguette, il me fallait trouver ma baguette… Mais… Tandis que mes mains cherchaient nerveusement ma baguette dans les poches de mon manteau, je m'étais arrêté, buttant contre une poubelle. Je relevais la tête pour regarde ce qui me semblait à présent être un homme. J'avais la sensation étrange d'avoir déjà ressenti cette présence auparavant. Mais où ? Je mis quelques secondes à m'en souvenir. Oui, l'Allée des Embrumes, il y avait de ça un an, quand Lily, Edgar et moi étions sur la piste des disparus. Je l'avais senti déjà à cette époque là.

J'avais le sentiment étrange qu'il était entrain d'entrer dans mon esprit alors que jusqu'à maintenant il n'avait fait que l'effleurer. Maudite baguette, où était-elle quand on en avait besoin ? Je n'arrivais pas à mettre la main dessus. La panique commençait à se faire sentir. Je n'étais pas de taille à en découdre avec cet homme, lui qui m'avait projeter dans la ruelle avait beaucoup trop de facilité à mon coup. Je ressentais encore la surprise qui m'avait saisi à ce moment là.

- Non… Non non non non, fis-je tandis qu'il continuait d'approcher d'un pas beaucoup trop lent pour que cela soit rassurant. Laissez-moi, partez !

Il n'avait toujours rien dit. Comptait-il dire quelque chose ou allait-il resté muré dans le silence ? Ce silence qui devenait une angoisse pour moi car rien ne laissait présager quelles étaient ses intentions. Oh il ne fallait pas se leurrer, il ne devait pas vouloir mon bien… Malheureusement. Et à présent j'étais certain qu'il était en possession de ma baguette. Comment dire que tout cela sentait le traquenard ? Et cette bagarre derrière nous ? Sans doute de quoi détourner l'attention de ce qui allait se passer ici. Est-ce que j'allais mourir ? Encore ? J'avais le fol espoir que non...

Les réponses aux questions du sorcier restaient absentes. Thor n'avait nullement intention de lui répondre, de lui dire quoi que ce soit pour le rassurer ou l'inquiéter davantage. Il savait déjà tout ce qu'il voulait savoir sur la cible qu'il avait devant lui. Au passage, il en profita pour ranger dans sa veste la baguette qu'il avait subtilisé durant le vol plané, tandis que l'autre rampait sur le sol. Le molosse s'avança lentement tandis que derrière lui la bagarre générale continuait d'animer la rue, des cris, des coups, des insultes, Londres la nuit dans toute sa splendeur. Il voyait son ombre s'étirer sur le pavé, à la lueur du réverbère le plus proche. Ce cher Potter semblait bien misérable, loin de l'image du héros qu'il avait arboré dans le passé, mais un passé que Thor n'avait pas eu l'occasion de connaître. L'animal pouvait entendre toutes les questions que James se posait à lui même dans son esprit. Il s'enfonça un peu plus dans les méandres de ses pensées.

La panique commençait à le submerger au moment où il comprit qu'il n'avait plus sa baguette. Thor continuait d'avancer tandis que l'autre se heurtait à un obstacle qu'il n'avait pas vu venir, l'empêchant ainsi de poursuivre sa retraite. A présent, l'animal était proche de sa victime qui cherchait à le repousser par le simple fait de sa parole. Comme s'il avait jamais obéit à quelqu'un qui lui disait de partir, de le laisser tranquille. Le mangemort était en position de force, c'était une évidence. Il aurait peut-être dû lui laisser sa baguette…

Le molosse tendit la main gauche et attira James Potter sous sa patte, le saisissant par le col avec fermeté, le faisant par la même décoller de quelques centimètres du sol. Il lui asséna un crochet du droit sans plus de ménagement, comme une attaque sournoise et imprévu, sans la moindre forme de politesse. Il n'avait pas chercher à prévenir qu'il allait frapper, tout c'était fait avec fluidité, maîtrise et rapidité pour ne pas laisser au sorcier le moindre temps de réflexion. Après ça il enchaîna sur un coup de tête et aussitôt le sang se mit à couler du nez de ce pantin de Potter.

Il le relâcha… Non réflexion faite il jeta le bougre contre le sol comme un vulgaire déchet dont on voulait se débarrasser. Mais c'était mal le connaître que de croire qu'il allait en rester là. Il en profita pour donner un premier coup de pied dans les côtes de Potter, puis un second, sans se soucier de savoir s'il avait casser quelques côtes au passage. Après ça il l'attrapa par la cheville sans lui permettre de pouvoir ramper à nouveau et s'éloigner. Là, il le traîna sur quelques mètres d'un pas lent, s'enfonça un peu plus dans la ruelle pour s'éloigner de la joyeuse bagarre de rue. Ils devinrent ainsi des silhouettes anonymes dans ce recoin-ci du Londres moldu. Au moins personne ne l'entendrait crier, personne ne viendrait l'aider, pas même ses précieux petits camarades de l'Ordre.

Douleur fulgurante qui s'enracinait au plus profond de mon âme. Même à l'époque, lorsque j'étais un jeune con impétueux, je n'avais jamais connu pareille humiliation physique. Même Severus n'avait pas vécu cela quand je m'amusais puérilement à le victimiser. Le but ici était clairement de faire de moi… je ne savais pas exactement, mais cela n'avait rien de bien amusant pour ma personne. La question n'était pas de savoir si je l'avais mérité, la question était de savoir quand est-ce qu'il allait s'arrêter.

Le premier crochet m'avait tellement secouer que j'en avais la tête qui tournait autant que si j'avais pris trois shot de rhum à la suite. Le second me fit voir ce qu'on devait appeler des étoiles. Sur le coup je ne senti pas la douleur, trop assommé par ce que je venais de prendre dans la gueule. Il savait frapper, il savait où frapper surtout. Je ne donnais toujours pas cher de ma peau. Je ne savais pas s'il avait envie de me tuer, à cet instant j'avais seulement envie de pouvoir me sauver, ou au moins de récupérer ma baguette… Mais… cela me semblait une idée folle. Le coup de tête acheva de me mettre un KO technique au niveau cérébrale. Je senti seulement mon corps entrer en contacte avec le sol, toujours aussi dur et humide. Un jour il faudrait penser à faire des sols mous.

Il était certain que je devais voir les coudes et les genoux écorchés, mais c'était le cadet de mes soucis. Une sensation chaude perlait sur mon visage, le goût du sang sur mes lèvres. S'enchaîna, sans plus attendre, un coup de pied dans le ventre qui eut pour effet de me couper le souffle. De l'air, j'avais besoin d'air. Avant même que j'ai eu le temps de commencer à ramper, un deuxième coup de pied acheva de me couper la respiration. Je suffoquais, littéralement. La bouche ouverte, je tentais de chercher de l'air mais rien ne venait. Les mains sur mon ventre pour tenter de le protéger contre un énième coup, je senti l'une de mes chevilles se soulever. Le temps semblait étrangement lent, comme pour me faire sentir chaque douleur.

Il me traînait par terre… Ce monstre n'avait pas le moindre respect pour la vie humaine. J'étais son jouet, il était pareil à un molosse qui venait de trouver un os à ronger. Vainement, je tentais d'attraper ce que je pouvais pour me retenir, pour lui échapper. C'était peine perdu. Je voyais la lueur de la rue s'éloigner, j'entendais encore les cris au loin mais un bourdonnement dans mes oreilles m'empêchait d'entendre la réalité distinctement. L'espoir venait de quitter mon regard. Je n'étais pas de taille… Il allait me massacrer.

Lily… Lily je t'aime, je suis désolé. Lily…

Je sentais une larme perler sur ma joue tandis que mon regard se perdait déjà dans le lointain, vers un horizon incertain. Ce soir, c'était ce soir que j'allais retourner dans les limbes. Je serais seul, à nouveau.

Lily… Je t'en prie, pardonne-moi.