[+18 - FB] Apprendre à se connaître {feat. Ezra Yaxley}

Non. C’est mal. C’est très mal et même insensé. Je ne peux pas faire une telle chose. Pourtant, ses mots résonnent dans ma tête.  Elle pensait la même chose ? La tête entre mes mains, j’essaie de me convaincre que je n’ai pas entendu ça et de me sortir mes idées de la tête. Je ne dois pas succomber. J’aurais l’impression de relayer Moira au même rang que les filles sans importance qui ont partagé mon lit et je ne veux pas. Je ne dois pas. Du coin de l’œil, je la vois lever la main pour me toucher, mais elle ne le fait pas. J’aurais voulu. Je ne devrais pas, mais j’aurais voulu qu’elle me donne un peu de chaleur.

J’inspire profondément et ferme les yeux, passant mes mains dans mes cheveux et ma nuque. Ensuite, j’essaie de me lever, mais je retombe à nouveau sur le lit, assis. Je soupire. Je devrais peut-être me coucher comme ça en fait, ce serait largement plus simple. Moira pourtant me propose de m’aider. Je tourne la tête pour la regarder et alors je me dis que je n’aurais pas dû. Je n’ai toujours pas envie qu’elle parte. Visiblement, elle non plus puisqu’elle reste assise là au lieu de sortir comme je lui ai dit. « Ça ira. Je vais juste laisser tomber et rester comme ça je crois. » Je pourrais au moins retirer ma chemise, le veston étant déjà quelque part dans la chambre, mais devant Moira, ce serait sans doute inapproprié, surtout après ce qu’elle vient de me dire.

Du coup, je monte sur le lit et me couche sur le dos, par-dessus la couverture. Je ne fais même pas attention au fait que j’ai toujours mes chaussures, abruti que je suis. Sur mon ventre, je croise mes dix doigts et regarde le plafond avant de regarder ma fiancée à nouveau. Ses mots me reviennent encore dans la tête. « Tu restes quand même ? » Je ne sais pas exactement à quoi elle pensait, je préfère me renseigner. Je suis ivre moi, je n’ai pas les idées claires. Je me redresse du coup sur mes coudes pour mieux la regarder. « Je suis sérieux Moira. J'ai peur de faire une bêtise qu’on regretterait tous les deux demain. Je ne suis pas en état de réfléchir. »

Au fond de moi, j'espère qu'elle restera, parce que je ne veux pas être seul avec moi-même.

Moira s’approche à nouveau. Ce serait tellement mieux si elle partait. Mieux pour elle en tout cas. Mais elle reste. Elle persiste. Moira Prince est sur mon lit. Je n’aurais jamais pensé pouvoir dire ça un jour. Cette image me paraît tellement irréelle. Peut-être suis-je endormi. Peut-être que tout ce qui se passe depuis tout à l’heure n’est qu’un rêve en fait. J’ai du respect pour elle au point de ne même pas vouloir faire le con dans mes rêves ? Non. Je ne rêve pas. Ou peut-être que si ? Je ne sais plus. Je suis confus depuis tout à l’heure. Tout es flou dans ma tête et je n’arrive pas à réfléchir convenablement.

Elle m’explique qu’elle n’a pas envie de me laisser dans cet état tout seul. Je souris légèrement. Elle est sérieusement trop adorable, et ça me réchauffe le cœur qu’elle veuille bien rester à mes côtés. Je ne suis plus seul. Du moins, dans ce rêve que je fais, je ne le suis pas, si c’est bel et bien un rêve. Elle ajoute qu’il n’y a pas de mal à ce qu’on passe la nuit ensemble, puisque nous sommes fiancés. Passer la nuit ensemble. Qu’est-ce qu’elle entend par là ? Juste dormir, ou autre chose ? Elle n’a pas tort en revanche, peu importe ce qu’elle veut dire. Je n’ai jamais réfléchit à la question, mais que ferons-nous lorsque nous seront mariés ? Faire chambre à part serait étrange, non ? Surtout que nous vivons sous le toit de mes parents. Ce serait suspicieux qu’on ne dorme pas ensemble. Je hoche la tête légèrement en guise de réponse.

Sa main se pose sur mon torse pour m’inviter à me coucher à nouveau et donc je repose mon dos contre le matelas. Elle me dit de dormir, qu’elle restera. Je hoche la tête et la regarde se coucher. Sa main glisse dans la mienne et je la serre, comme pour la remercier. Je ferme alors les yeux et essaie de m’endormir. Mais je n’y arrive pas. Mon cœur bat trop vite, trop fort, et je n’arrive pas à le calmer. Une quinzaine de minute plus tard, je décide de m’installer plus confortablement alors je rouvre les yeux et la regarde. Elle semble dormir, ou du moins elle semble avoir sombré légèrement. Je retire alors ma main de la sienne et m’assoit doucement pour ne pas la déranger. Je retire alors mes chaussures. Quand je me retourne, elle a les yeux ouverts et je souris légèrement. « Désolé si je te réveille. » Je l’invite à bouger un peu pour enlever la couverture sous nous et je la place sur nous, suite à quoi j’enlève ma chemise et me réinstalle sous la couverture. Je me couche sur le côté et la regarde. « Merci de rester. » Je prends alors sa main et fronce un peu les sourcils. « Tu es gelée, ça va ? »

Est-ce que c’est de ça qu’elle a l’air au réveil ? Je m’habituerais facilement à une telle vue. Elle me dit qu’elle a dû s’assoupir et me fait un petit sourire. Je lui fais ensuite signe de bouger pour enlever la couverture de sous nous pour qu’on puisse se couvrir. On a beau être en été, il fait un peu frisquet. Quand elle est recouverte, je retire ma chemise. Sans la regarder, je sens son regard sur moi et je me demande alors si c’est une bonne idée que je la retire. De toute façon, il est trop tard. Si je décide de la garder maintenant, elle se posera des questions et ce sera louche. Du coup, je la retire doucement, puis m’allonge. Au moins, j’ai gardé mon pantalon, même s’il est très inconfortable pour dormir.

Je m’allonge à côté d’elle et la remercie d’être restée. Elle me dit que ce n’est pas nécessaire et je souris seulement légèrement en guise de réponse. Je prends sa main et alors ça me frappe à quel point elle est froide. Je lui demande si ça va et elle ne me répond pas. Elle ne semble pas mal, mais plutôt perdue quelque part dans sa tête. Pense-t-elle encore à la même chose que plus tôt, peu importe ce que c’était ? J’affiche pourtant un air inquiet, et ma main vient se placer naturellement sur sa joue, comme pour capter son attention. Elle revient alors à elle-même et elle me dit que ça va maintenant. Maintenant ? Je souris quand elle me sourit et hoche faiblement la tête. Ma main quitte sa joue et je la regarde murmurer que tout ira bien maintenant avant de s’approcher de moi.

Mon cœur se remet à battre rapidement. Ce qu’elle fait, c’est dangereux. Pourtant, je la laisse s’approcher. Elle pose sa main contre mon torse et je frissonne. Nos visages ne sont plus qu’à quelques centimètres. Nos nez se frôlent et nos fronts sont collés l’un à l’autre. Nos genoux se touchent. Naturellement, mon bras vient l’entourer, comme pour l’invité dans ce cocon qu’on est en train de se créer. Je sais que c’est mal, mais même si elle est froide, je n’ai pas ressenti de chaleur humaine depuis un peu trop longtemps. Elle me murmure que c’est agréable de ne plus être seul et, tout sourire disparu, je lui répond un simple « très agréable. » Sous sa main, mon cœur bat fort, et vite. C’est impossible qu’elle ne le sente pas.

Je devrais m’éloigner, mais c’est trop tard. Je suis pris au piège. Ma main qui entourait sa taille remonte jusqu’à sa joue. Je ferme les yeux en la caressant. J’ai comme l’impression d’être hypnotisé par son odeur, et j’ai envie de poser mes lèvres sur les siennes. Le fait que j’arrive à me retenir tiens du miracle. Je ne me connaissais pas aussi fort. « Moira, je… J’ai vraiment du mal à me contrôler… » Au moins, elle est prévenue. Si elle me dit qu’elle y pense aussi, je ne saurai plus répondre de moi-même. Mais si au contraire elle me dit de dormir, je me retournerai pour essayer et la laisser s’assoupir. « Dis-moi de te laisser dormir... »

« Dis-moi de te laisser dormir… » J’ai besoin qu’elle me le dise avant que je ne fasse quelque chose qu’elle pourrait me faire regretter, quelque chose qui briserait la bonne entente qu’on a pu se créer ce soir. Je rouvre les yeux quand elle se redresse sur son coude. Elle me dit qu’elle n’a pas envie de dormir. Je suis dans la merde, alors ? Non. Pas du tout même. J’en suis loin. Contre toute attente, Moira comble la distance entre sa bouche et la mienne et m’embrasse. Ma main sur sa joue glisse sur sa nuque et mon cœur palpite. Si le fait que Moira soit gentille avec moi était bizarre, le fait qu’elle m’embrasse l’état davantage. Certainement, je suis en train de rêvé. Je me suis endormi et comme j’en avais envie, mon cerveau me fait rêver à ça. C’est la seule explication qui me semble logique.

Elle s’éloigne de moi et je la laisse faire, mon regard dans le sien. Elle s’excuse et me dit qu’elle en a envie. Ses paroles ne sont pas très claires, mais je comprends l’essentiel. Nous sommes fiancés, autant en profiter ? Je continue de l’observé, comme perturbé par ce qui vient de se passer, mais voyant qu’elle semble attendre ma réponse, je l’attire à nouveau vers moi pour reprendre notre baiser. Je n’ai plus envie de parler. Elle l’a voulu, alors je ne vais pas me priver.

Mes mains viennent attraper sa taille et je me retourne sur le dos, l’attirant par-dessus moi. L’une de mes mains vient reprendre sa joue tandis que l’autre monte dans son dos, sous son t-shirt. Sa peau est si douce… Déjà, je me sens à l’étroit dans mon pantalon. Avec la force dont j’ai dû me retenir avant, ce n’est pas très étonnant en fait. Et alors une question me vient à l’esprit. N’a-t-elle pas dit qu’elle ne ferait pas ça avec quelqu’un dont elle n’est pas amoureuse ? Certainement, elle n’est pas amoureuse de moi, alors qu’est-ce qui a changé ?

Oh, et puis on s’en fout. C’est un rêve, après tout. La logique n’a pas sa place ici.

L’idée que Moira ait pu faire le premier pas de cette façon me semble totalement impossible, irréaliste. Ce qui se passe ne peut être autre chose que le fruit de mon imagination. Sinon, ça ne fait aucun sens. Pourtant, les sensations que je ressens me semblent très réelles. Je suis perdu entre imagination, rêve et réalité, comme en train de flotter entre les trois, et je ne veux pas me réveiller. Je me plais plutôt à croire que Moira me veut vraiment. Si je rêve, cette fois ce n’est pas Elle qui me hante dans mon sommeil, mais la brune que je vais épouser dans une semaine. Je me réveillerai seul, sans doute, et ma façon de regarder Moira changera aussi un peu, mais si c’est pour me permettre de passer une nuit douce et agréable, autant en profiter. De toute façon, je ne réponds plus à la raison.

Moira par-dessus moi, elle pose l’une de ses mains sur ma nuque et l’autre contre mon épaule. Dans son dos, je la sens frissonner sous ma main et sourire contre mes lèvres. Je suis à l’étroit dans mon pantalon et elle le sait très bien. C’est sans doute pour ça qu’elle détache mon pantalon, pour me soulager un peu, et maintenant je n’ai qu’une envie : lui retirer tous ses vêtements. Nos respirations sont rapides, plus forte avec le désir qui augmente à chaque seconde. J’ai l’impression d’être pressé. Il faut dire que ça me manquait. Du coup, ma main sur sa joue descend, se faufilant entre nous. Elle se glisse dans le pantalon de Moira et commence à la caresser pour réveiller davantage ses envies, sans jamais franchir la barrière du deuxième tissu. Je m’en permets, mais rendu là, je n’arrive plus à réfléchir. Je ne suis qu’un corps qui se contrôle lui-même, qu’une boule de désir qui ne veut que répondre à ses besoins. C’était déjà difficile de réfléchir avant, alors maintenant, c’est trop me demander.

Je suis moins à l’étroit, mais plus pressé maintenant. Je prends l’initiative de glisser ma main entre ses cuisses pour la caresser, alimenter son désir, et je la sens très réceptive. Ses baisers sont plus passionnés, nos langues apprennent à se connaître, et bientôt, elle met fin au baiser pour reprendre son souffle. Assise sur moi, ma main de libre l’explore alors qu’elle retire son t-shirt, puis son soutien-gorge. Elle allait dormir avec ce truc ? Peu importe. Ma main se pose sur sa poitrine une seconde avant de se poser sur sa nuque quand elle revient m’embrasser.

De par son initiative, je me retrouve par-dessus elle, à continuer de l’embrasser. Mes genoux, dont l’un est placé entre ses jambes, et mes bras soutiennent mon poids. Ses mains explorent mon dos avant de finalement commencer à baisser mon pantalon. Je me redresse donc et retire les derniers vêtements qu’il me reste. Heureusement, j’ai retiré mes chaussures avant. Je reviens me placer au-dessus d’elle. Son corps bouge contre le mien et je grogne de plaisir. Puis elle me supplie. Je souris et me redresse pour lui retirer ses derniers vêtements. Reprenant ma place au-dessus d’elle, entre ses cuisses, je ne me fais pas prier pour commencer le travail. À peine entre ses reins, je gémis légèrement, me rappelant alors qu’il fait nuit et que tout le monde nous entendra si on fait trop de bruits. Du coup, au lieu de lui dire de se taire, je viens l’embrasser à nouveau.

Les mouvements commencent et me voilà couvert de sueur. L'alcool fait moins son effet, un peu, mais j'ai toujours l'impression de rêver. Ce que je vis est trop irréel. À chaque coup de bassin, je me sens de mieux en mieux, comme si un poids énorme quittait mes épaules. La solitude ne me pèse plus. Je vais passer ma vie marié à une femme qui ne m'aime pas, mais pour qui je pourrai alimenter mes fantasmes la nuit, quand j'aurai fermé mes paupières. Parce que je refuse toujours de croire que tout ceci est réellement en train de se produire. Je refuse de croire que j'ai été assez bête pour lui faire un truc pareil, pour prendre le risque de lui faire du mal plus tard.

Son corps vibre sous le mien. Nos baisers camouflent à peu près nos gémissements. De sa bouche, contre la mienne, s’échappent quelques mots. Elle ne va pas tarder. Je ne dis rien, j’y suis presque aussi. Je sens son corps se tendre sous moi alors que je donne mes derniers coups entre ses reins, après quoi je relâche un peu mon poids par-dessus elle, sans pour autant l’écraser. Je suis à bout de souffle. Mon front collé au sien, je profite de ses doigts dans mes cheveux qui m’aident à me détendre. Après un moment dans cette position, après qu’elle m’ait embrassé sur la joue, je me bouge sur le côté et la regarde. Elle me demande si j’arriverai à dormir et je souris sans répondre. Je dors déjà, non ? Je ne fais que hausser les épaules légèrement. Une partie de moi n’a pas envie de savoir si c’est vraiment la réalité ou un rêve. J’ai peur d’avoir fait une bêtise.

Sa main vient caresser ma joue alors qu’elle m’offre un sourire. Je souris aussi et la laisse m’étreindre. Je ferme les yeux et la serre aussi contre moi. Ses mots me parviennent comme une promesse, une promesse qu’elle ne peut pas tenir. Elle aussi aurait dû être là toujours. « Moi aussi. Toujours. » Ma promesse me paraît plus plausible, parce que j’ai beau me détruire, je suis toujours debout, aussi frustrant que ça puisse être. J’éloigne mon visage du sien et caresse sa joue. « Dors bien Moira. » Je pose un chaste baiser sur son front sans rien ajouter de plus puis ferme les yeux. Je m’assoupis, cette fois, beaucoup plus vite.

Je passe une nuit sans rêve, sauf que je ne le sais pas. Je crois que j’ai rêvé. Je crois que j’ai rêvé à une nuit chaude avec ma fiancée qui me déteste. Je me réveille dans les 9h du matin, la bouche sèche et la tête lourde après avoir vu autant. J’ai un peu mal à la tête aussi, mais rien qui ne me sois pas familier. Sans ouvrir les yeux, je me tourne dans mon lit. Aie-je perdu un bout de ma soirée ? Je me souviens avoir fini la soirée. J’ai suivi Moira dans sa chambre et je lui ai tout dit de moi. Ah oui, donc elle ne me déteste plus ? Ou du moins elle m’a accordé le bénéfice du doute, c’est bien. C’est déjà ça de positif dans ma journée. Je me souviens aussi qu’après, j’ai quitté sa chambre pour gagner la mienne et finir la soirée en tête à tête avec ma bouteille. Après… Après je ne me souviens de rien, sauf de mon rêve.

J’ai rêvé à ce tendre moment où Moira est venu me délivrer de la bouteille et a voulu prendre soin de moi. Les choses ont évolué très vite, mais c’est un rêve donc ça ne fait rien. C’est alors que je réalise un truc bizarre. Pourquoi suis-je complètement nu dans mon lit ? Je n’ai pas l’habitude de dormir nu, sauf quand je…

J’ouvre les yeux en catastrophe. Je me retourne et trouve Moira à côté de moi. Elle est nue elle aussi. Oh non… Non non non non. Je l’ai fait. J’ai réellement couché avec Moira. « Oh non… » Elle est dans la merde. Jusqu’au cou. J’ai l’impression de l’avoir condamnée. C’était déjà une chose qu’elle se voit mariée à un monstre comme moi, la voilà maintenant qui partage mon lit. Non. J’ai trop bu hier. J’ai dépassé les bornes. Je retire la couverture de sur moi et me lève pour attraper mon pantalon et le remettre en vitesse, en attendant que je prenne une douche.

Doucement les détails de nos ébats commencent à me revenir. Je lui ai demandé de partir. J’ai essayé de la prévenir, mais elle est restée malgré tout. Pourquoi a-t-elle fait ça ? Et pourquoi est-ce que je n’ai pas insisté ? En vitesse, je remet mon pantalon, juste pour dire que je ne suis pas nu. J’entends des mouvements dans le lit. Moira me demande ce qui se passe. J’attache mon pantalon et passe mes mains dans mes cheveux déjà en bataille, comme si ça allait m’aider à me calmer. Je regarde alors Moira, inquiet, troublé. J’ai peur. J’ai peur qu’elle me déteste encore plus, même si pour l’instant, malgré son regard inquiet, elle semble calme.

Je contourne le lit et ramasse son t-shirt pour lui donner. « On a fait une bêtise. Je n’aurais pas du. Je suis tellement désolé Moira. » Je me déteste. Je peste contre moi-même intérieurement. Je la regarde alors. « Tu m’as dit que tu ne ferais rien avec quelqu’un dont tu n’es pas amoureuse. Tu n’es pas amoureuse de moi. Ne le sois pas, tu ne dois pas. » Je tremble. Je panique. Je n’ai même pas l’air en colère. Je suis juste perturbé et terrifié à l’idée de lui faire du mal. Et si elle tombait amoureuse de moi et que je décidais finalement que j’allais voir ailleurs ? Et si elle et moi on se rendait compte que nous n’avons absolument rien en commun ? Et si sans le vouloir, je la relayait au même niveau que toutes ces autres filles qui ont partagé mon lit pour une nuit ? Je ne suis pas amoureux d’elle. Je ne peux pas l’être.

Je suis en train de faire exactement ce que j’ai toujours fait, soit repousser toute personne qui pourrait être proche de moi. Et si je lui infligeais exactement le même traitement qu’à Elle ? Je ne peux pas m’attacher à une autre personne, aussi accessible me soit-elle. La douleur me serait trop fatale. Tremblant, je commence à ramasser par terre tout ce que je trouve. Tous les vêtements finissent dans le lit. La bouteille de whisky, avec le fond restant dedans, fini dans ma main. Il est tôt pour boire, mais ça m’aiderait à me détendre. « Je n’aurais pas dû. Je n’aurais vraiment pas dû. Je suis désolé... » Mon regard sur la chambre dévie sur la bouteille. Je bois ou je ne bois pas ? Mon père me gronderait sûrement.

Elle m’a menti. Ce qu’elle avait dit, c’était seulement pour se protéger. Se protéger de quoi ? De moi ? Visiblement, ça a foiré. J’ai posé les mains sur elle malgré tout. Elle m’avoue avoir profité de mon état d’ivresse pour qu’on fasse ce qu’on a fait. Elle me dit même qu’elle ne le regrette pas. Je pose brièvement les yeux sur elle et son regard croise le mien. J’y vois bien qu’elle recommencerait. Je l’avoue, je recommencerais aussi. C’est bien ce qui me fait peur. Je détourne donc les yeux et m’agite, m’occupe, pour essayer de me calmer. Je ramasse tout ce que je vois, mettant tous les vêtements sur le lit. Elle, au lieu de s’habiller, se lève avec la couverture autour d’elle pour m’approcher en même temps que je tiens la bouteille de whisky.

Sa main se pose sur la bouteille et je me souviens alors de la veille, quand elle m’a enlevé la bouteille. Par réflexe, je pose les yeux sur elle. J’ai envie de détourner les yeux, mais c’est trop tard. Je suis déjà égaré dans ses yeux marrons. Je ne pose aucune résistance au fait qu’elle touche à ma bouteille, moi qui suit toujours possessif envers elle. Son regard sur moi, elle me demande de ne pas la repousser. À cette phrase, mon coeur se brise. J’ai soudain le souvenir de ce que je lui ai dit. Elle aussi est seule, et je lui ai dit que je serais toujours là. Je suis déjà en train de lui faire du mal, de briser cette promesse. En l’éloignant, je lui inflige la pire des tortures. Je suis en train de recommencer ce que j’ai fait pour Elle. Je suis un monstre.

Elle me dit qu’elle ne s’est jamais sentie aussi bien que cette nuit, et si je suis franc avec moi-même, je pourrais dire la même chose. Elle s’est sentie en sécurité ? Elle me dit de ne pas m’excuser pour ce qu’on a fait, insistant sur la deuxième personne du pluriel. Elle m’enlève ma bouteille et la met sur le lit, s’éloignant de moi par le même fait. J’ai l’impression qu’elle vient de s’échapper de mes griffes, comme si je l’avais déjà perdue. Ses prochaines paroles me brisent le coeur encore plus. Elle me laissera tranquille si ma promesse n’était pas vraie. Je détourne les yeux. Je ne veux pas être émotif. Cette douleur dans ma poitrine… Je l’ai ressenti tellement souvent dans ma vie. Ce vide, ce froid. Je suis en train de faire la même erreur qu’avec Elle, et je dois me rattraper. Mais le lâche que je suis ne dis rien, encore.

Je ne repose les yeux que lorsqu’elle pose sa main sur ma joue. Pendant qu’elle s’habillait, je suis resté planté sur place, essayant de me contrôler, les poings serrés, me battant contre moi-même sans savoir ce que je veux. La faire rester, la faire partir ? Mon regard dans le sien, elle me présente ses excuses et s’éloigne de moi. Et alors je me sens paniquer un peu en la regardant s’approcher de ma porte. Si je la laisse sortir d’ici, c’est fini. Est-ce que c’est ce que je veux ? Est-ce que je suis prêt à redevenir seul ? Non. Non, je ne peux pas. Des nuits paisibles comme celle que j’ai eu cette nuit, j’en veux d’autres. Je ne veux pas, je ne PEUX pas la laisser partir. J’attrape ma baguette à mes pieds et je l’agite pour verrouiller la porte en même temps de franchir les quelques mètres qui nous séparent. Je passe alors mes bras autour d’elle. Mon torse nu contre son dos, elle peut sentir mon coeur battre rapidement, comme si je venais de courir un marathon. Je la serre contre moi, comme si c’était mon cri d’appel à l’aide, comme si mon corps en entier la suppliait de ne pas me laisser seul.

Les yeux fermés, je prends un moment dans cette position pour essayer de reprendre le contrôle de moi-même. « Je pensais ce que j’ai dit. » J’inspire profondément, toujours sans la lâcher, mon corps crispé dans cette position. « Je suis désolé, non pas à cause de ce qu’on a fait, mais du fait que je n’ai finalement pas pu m’en empêcher. Moira, la seule personne que j’ai aimé, je l’ai brisée. Toutes les autres qui se sont intéressées ont fini en larmes. Je détruis tout ce que je touche. Je n’ai pas envie de faire la même chose avec toi. » Je rouvre les yeux. « Mais d’un autre côté, je ne veux pas non plus te laisser partir. » Mon étreinte est soudainement moins serrée, ce qui lui permet de se retourner pour me faire face. « Je sais d’avance que je te ferai du mal. C’est inévitable. Je suis un monstre. » Pour appuyer cette dernière phrase, je lui montre la marque des ténèbres sur mon bras gauche, presque invisible depuis que Voldemort s’est éteint. « Tu ne veux pas t’attacher à un monstre. »